Les nouvelles regles de securite sur la route en 2022
Une fois passée la période des fêtes de fin d’année, c’est le moment de découvrir les changements qui vont s’imposer à nous pour la nouvelle année : prix du timbre, revalorisation du SMIC ou encore barème de l’impôt sur le revenu… C’est une vraie farandole de bonnes ou mauvaises nouvelles pour notre portefeuille, mais pas uniquement. Il y aussi de nouvelles lois et règlements qui entrent dans nos vies et il va falloir les intégrer le plus rapidement. Ce qui nous intéresse ici, c’est notamment ce qui concerne notre voiture, compagnon de tous les jours pour la vie professionnelle, notre travail ou les sorties en famille. C’est pourquoi nous allons présenter dans cet article les dispositions qui vont changer pour la sécurité routière dès le début de l’année 2022, en ce qui concerne l’équipement automobile. Quelques explications s’imposent dans certains cas, car cela va concerner en partie les nouvelles voitures sur le marché. Un excellent moyen de pouvoir aborder son choix automobile sous un angle pas forcément le plus fréquent, celui de la sécurité pour soi et celle des autres.
Baisser toujours plus le nombre de victimes
C’est l’Union Européenne qui se fixe l’objectif de bannir les accidents sur la route, sachant que plus de neuf dixièmes des morts et blessés sur la route le sont à cause d’une erreur humaine et non technique. Endormissement au volant, alcoolémie trop élevée, consommation de substances ou médicaments altérant la vigilance, limitation de la vitesse non respectée, comportements dangereux au mépris des règles de conduite… Les raisons d’un accident grave sont diverses et, il est vrai, souvent imputables à un comportement inadapté, plus ou moins volontaire, d’un ou plusieurs conducteurs. C’est pourquoi il existe tout un arsenal de mesures pour toujours diminuer ces drames : sécurité routière renforcée, responsabilisation de tous les acteurs de la route, équipement de vigilance des voitures toujours plus développé, ainsi que mesures de ralentissement opérées par les collectivités locales, comme les ralentisseurs de voirie (coussins berlinois, chicanes ou encore dos d’âne). Les constructeurs automobiles, ceux qui nous intéressent le plus ici, devront à partir de mai 2022 adopter plusieurs équipements sur leurs nouveaux modèles, de façon imposée. Puis, en 2024, ce sera le tour d’une partie des véhicules existants qui devront suivre la marche.
Le limitateur de vitesse, mesure phare
La mesure la plus marquante pour cette année sera le limitateur de vitesse, qui devra être présent sur toutes les nouvelles voitures à partir de l’été 2022, au mois de juillet. Étant donné que la vitesse est un des facteurs les plus importants des accidents de la route, il est normal que ce soit une mesure prise dès que possible. En termes plus techniques, nous appelons un limitateur de vitesse un AIV, pour adaptateur intelligent de la vitesse. Certains d’entre vous en possède sûrement déjà, mais qui sait vraiment comment cela fonctionne ? Il s’agit en fait d’une caméra, qui est en possibilité de détecter puis de déchiffrer les panneaux de limitation de vitesse sur les routes que vous empruntez, accompagné d’un système de GPS. Une véritable petite intelligence artificielle pour simplifier la vie des automobilistes. Une alarme est présente pour signaler au conducteur que la vitesse limite est dépassée et si jamais il ne lève pas le pied, le dispositif reprendra en main la vitesse pour la diminuer. Les instances européennes estiment que près d’un cinquième des morts sur la route pourront être évités grâce à l’AIV. Si leurs prévisions se révèlent justes, ce sera une véritable victoire pour la sécurité collective sur les routes.
Les mesures liées à la vigilance
Après cette mesure phase qui ne manquera pas de faire les gros titres des journaux télévisés à l’approche de l’été, d’autres équipements deviendront obligatoires dans la même période. Ils sont tous centrés sur l’amélioration de la vigilance du conducteur, ainsi que de l’assister dans sa conduite pour qu’il puisse se concentrer sur l’essentiel, autrement dit la route et les autres véhicules. Nous l’avons abordé en introduction, il arrive hélas que des accidents surviennent lorsqu’un endormissement, même très limité dans le temps, une seconde ou à peine plus, fasse dévier un véhicule pour provoquer un choc frontal dramatique ou une sortie de route parfois mortelle. Ainsi, il sera obligatoire pour les constructeurs d’adopter l’avertisseur de somnolence, ou tout ce qui concerne l’attention du conducteur. Là encore, bien que ce soient des dispositifs ingénieux destinés à nous faire revenir à nous plus rapidement en cas de défaillance de la vigilance, il faut toujours rappeler qu’il ne faut pas prendre le volant lors d’une grande fatigue ou lors d’un déficit en sommeil. Enfin, pour finir sur ce point, il y aura un renforcement des dispositifs de freinage d’urgence, pour indiquer aux voitures situées derrière qu’il y a un freinage soudain. Cela va éviter bien des accidents, en rendant plus évidente l’alerte. Les questions de la vitesse et des réflexes ne sont pas les seules mesures contraignantes pour les constructeurs. En effet, de nouveaux dispositifs destinés à accompagner les manœuvres des conducteurs vont devoir être intégrés. C’est le cas notamment de la détection de la marche arrière, qui peut provoquer en cas de mauvaise vision du conducteur quelques accidents de collision avec soit des objets, soit des personnes à pied ou à vélo qui circulent imprudemment derrière le véhicule en manœuvre.
Les autres dispositifs
Pour aller plus loin, les règlements vont s’attaquer aussi à d’autres éléments accidentogènes. Il s’agit par exemple d’un renforcement du calcul et de la vérification de la pression des pneus, où le conducteur sera mieux averti en cas de perte de pression. Effectivement, une mauvaise pression peut provoquer des accidents. Les dangers du sous-gonflage sont principalement le risque d’explosion et donc de la perte de contrôle du véhicule, surtout si l’on pratique de longues distances, par exemple pour partir en vacances à l’autre bout de la France ou dans un pays étranger. C’est d’autant plus marquant qu’un cinquième des accidents sont provoqués par les problèmes de pneumatique. Même si un pneu n’éclate pas à cause de la mauvaise pression, la maîtrise du véhicule en est affectée, ce qui peut provoquer des dérapages incontrôlés. Dans un registre totalement différent, l’Union Européenne souhaite diminuer le taux d’alcoolémie sur la route. C’est pourquoi il y aura l’instauration de mesures destinées à rendre plus aisée l’installation d’un éthylotest directement relié au système de démarrage. Cela fait penser aux conducteurs de cars ou encore de bus scolaire, car les chauffeurs professionnels ne peuvent pas démarrer s’ils ont un taux d’alcool dans le sang qui dépasse le minimum légal pour ce genre de profession, par ailleurs assez bas par rapport aux conducteurs classiques. Bien entendu, il est fort à parier que certaines personnes penseront immédiatement à faire souffler un ami ou un proche pour pouvoir démarrer le moteur… Il reste à voir comment seront intégrés ces fameux systèmes d’antidémarrage et comment faire si le système est en panne. Il serait immensément frustrant, un lundi matin, de ne pas pouvoir aller au travail pour un tel problème d’électronique défaillant, en passant en outre pour un alcoolique ! Enfin, pour finir sur cette batterie de dispositifs entrant en vigueur en milieu d’année, nous pouvons évoquer un moyen automatique de maintenir correctement sa trajectoire, ou encore de façon plus surprenante l’installation de boîtes noires ! Oui, c’est la même boîte noire, ou du moins la même logique, que celle que l’on peut trouver sur les avions des grandes lignes intérieures ou internationales. Ce n’est rien d’autre qu’un enregistrement des communications qui se passent dans l’habitacle (du moins en avion) et des principaux événements techniques qui surviennent quelques minutes avant un accident. Est-ce que cela va permettre de réduire les accidents sur la route ? Pas directement, car une boîte noire n’est pas un moyen de diminuer les chances de provoquer un accident, par contre, c’est un dispositif essentiel pour comprendre, après coup, les raisons de celui-ci. Est-ce que les assurances vont pouvoir y accéder ? Rien n’est moins sûr, pour l’instant il est encore impossible d’y répondre.
Et le coût pour les acheteurs, dans tout cela ?
Avoir toujours plus de technologie dans un véhicule en augmente fatalement le prix, du moins c’est une logique qui s’impose dans tous les esprits. Quoi qu’il en soit, à ce jour, les constructeurs restent encore très discrets à ce sujet. Nous verrons bien ce qu’il en est, notamment après 2024 et l’obligation d’installer tous ces dispositifs sur certains véhicules existants. Avec l’augmentation vertigineuse du prix des matières premières, ce n’est pas très rassurant pour le marché de la vente automobile, mais aussi une mauvaise nouvelle pour les ménages les plus modestes qui sont obligés de se serrer, sans mauvais jeu de mots, la ceinture au quotidien. Cependant, il faut garder à l’esprit que dans toute l’Union Européenne, en 2018, il y a eu plus de 160000 victimes graves ou décès sur les routes.
Stop à l’intox !
En guise de conclusion à cet article rappelant les nouvelles mesures destinées à réduire le nombre d’accidents graves sur la route, assez centrées sur les équipementiers automobiles, nous avons repéré quelques intox concernant le limitateur de vitesse. En effet, certains sites et rumeurs sur les réseaux sociaux ont indiqué qu’il ne sera plus possible techniquement de dépasser les limitations de vitesse à cause des fameux super-limitateurs qui, nous l’avons vu, vont équiper les nouvelles voitures d’ici à l’été 2022. Premièrement, il faut dissiper le point flou de 2024, car on pourrait penser que tous les véhicules, même anciens, devront obligatoirement posséder un tel limitateur de vitesse. Il n’en est rien, fort heureusement. Il sera a priori toujours possible de dépasser la limite de vitesse malgré cette nouvelle technologie, il n’y aura donc pas de vitesse bridée à proprement parler. En fait, il y aura plusieurs options disponibles qui s’offrent aux constructeurs automobiles qui pourront bénéficier d’une certaine latitude pour appliquer la loi européenne. D’une part, lors d’un dépassement de la limite de vitesse, il y aura, nous l’avons évoqué, un avertissement sonore voire même une vibration qui va alterter le conducteur. D’autre part, il pourra même y avoir une sorte d’outil qui va repousser délicatement le pied du conducteur sur la pédale d’accélération. Il restera ainsi totalement maître de son véhicule, mais averti de plusieurs façons qu’il dépasse la limite de vitesse autorisée sur la portion de route sur laquelle il roule, ce qui peut pousser à abandonner certains comportements dangereux. Enfin, nous ne le savons pas encore, il va de soi qu’il est pratiquement impensable d’imposer une limitation stricte de la vitesse au détriment du libre arbitre. En effet, comment ferait alors un véhicule pour doubler un autre, à peine en deçà de la limitation légale de vitesse ? Dans certains cas, doubler un véhicule peut être un choix de sécurité sur la route. Pour conclure sur cette polémique, il faut noter que le système de super-limitateur de vitesse pourra être déconnecté à volonté par celui qui conduit, bien que cet ajout sera toujours activé à chaque démarrage de la voiture.
Restons responsables sur la route
Nous avons amplement détaillé les nouveaux règlements qui vont entrer en vigueur pour améliorer la sécurité collective sur la route. Sans vouloir être moralisateur, il semble important de souligner que rajouter des dizaines de dispositifs automatisés pour restreindre les comportements à risque (volontaires ou non) ne suffisent pas toujours à réduire le nombre de décès et de blessés graves liés à la conduite. C’est pourquoi il est essentiel de soutenir l’installation de ralentisseurs de voirie, tels qu’évoqués rapidement dans le premier paragraphe de cet article. Un coussin berlinois, par exemple, est souvent présent à des lieux stratégiques en milieu urbain, notamment devant les hôpitaux et autres écoles. Contrairement aux dos d’ânes qui occupent toute la largeur de la route, un coussin berlinois est une sortie d’ilôt surélevé. Pourquoi ? Il s’agit tout simplement de ne pas entraver l’intervention des pompiers, ou d’ambulanciers, qui ont des véhicules bien plus larges que les voitures. Pour terminer sur un anecdote, ce type de ralentisseur est nommé de cette façon car ils ont été testés pour la première fois dans la capitale allemande, où plus des deux tiers des rues sont en limitation 30.